Les désherbants bio, bonne ou mauvaise idée ?
Les herbicides, indépendamment de leur composition chimique, visent à éliminer les mauvaises herbes des terres agricoles et des jardins privés.
Suite à la mise hors la loi du glyphosate en France à partir de 2019, les grandes entreprises s'adaptent à l'ère du biologique, avec ses avantages et ses inconvénients.
Vers une agriculture sans pesticides chimiques
La législation française a pris un virage décisif avec l'adoption de la loi Labbé en 2014, renforcée par la loi de transition énergétique en 2015.
Ces textes législatifs marquent un tournant vers l'interdiction des pesticides chimiques de synthèse dans les espaces verts publics et chez les particuliers.
Depuis le 1er janvier 2017, l'application de ces produits est prohibée dans les lieux publics.
L'étape suivante a été l'arrêt de la vente de ces pesticides aux jardiniers amateurs, effectif dès le début de 2019.
Ces mesures visent à protéger la santé publique et l'environnement en favorisant l'usage de méthodes alternatives.
Parmi les solutions préconisées, on trouve les produits de biocontrôle, comme le Bacillus thuringiensis ou l'acide pelargonique, et les techniques utilisées en agriculture biologique.
Le non-respect de ces dispositions légales peut entraîner des sanctions sévères, incluant une amende pouvant atteindre 150 000 euros et jusqu'à six mois d'emprisonnement.
Toutefois, des dérogations peuvent être accordées par le ministère de l'Agriculture pour l'utilisation de traitements chimiques dans des cas spécifiques.
Cette législation constitue une étape importante vers un avenir agricole plus respectueux de l'environnement.
L'ère des désherbants chimiques
Le Roundup, à base de glyphosate et développé par Monsanto en 1974, représente le visage le plus connu de cette catégorie.
Durant deux décennies et demie, Monsanto a joui d'un monopole sur cette substance.
Dans une logique de maximisation des profits, l'entreprise a lancé les semences "Roundup ready", conçues pour résister à cet herbicide.
Cela a permis une utilisation simultanée et excessive de l'herbicide et des semences sur de vastes étendues agricoles.
Avec l'expiration du brevet du Roundup en 2000, la production s'est élargie.
Aujourd'hui, 130 pays et près de 100 fabricants distribuent le glyphosate sous plus de 700 noms différents, captant 25% du marché des herbicides à l'échelle globale.
Cependant, le glyphosate a été classé en 2015 comme "génotoxique" et potentiellement cancérigène pour les animaux et "probablement" pour les humains par l'Organisation Mondiale de la Santé et le Centre International de Recherche sur le Cancer.
Ce composé chimique se trouve dans plus de 53 % des produits de consommation courante, incluant des aliments de base comme les céréales pour petit déjeuner, les légumineuses et les pâtes.
Des études ont révélé que 100 % des échantillons d'urine examinés contenaient du glyphosate, dépassant les seuils minimaux de sécurité.
Face à ces constats alarmants, il devient impératif de proposer des alternatives tant aux autorités publiques qu'aux citoyens pour améliorer cette situation préoccupante.
L'avènement des herbicides organiques
Avec le retrait progressif des désherbants chimiques du marché, une nouvelle génération de produits a vu le jour : les herbicides biologiques.
Ces innovations représentent une réponse à la fois aux contraintes environnementales et à la nécessité de trouver des alternatives efficaces au désherbage manuel, souvent jugé laborieux et peu productif.
Parmi ces solutions, le Beloukha se distingue comme une option prometteuse pour les années à venir.
Le Beloukha, tiré de l'huile de colza, se présente comme un puissant allié contre les mauvaises herbes.
Son principe actif, l'acide nonanoïque, enveloppe et neutralise les parties aériennes des végétaux indésirables grâce à ses propriétés défanantes et dessiccatives.
Cet acide gras se veut respectueux de l'environnement, sans danger pour les animaux et les humains, grâce à sa grande biodégradabilité.
Il ne laisse pas de résidus dans les cultures ni dans le sol, bien qu'il soit reconnu comme irritant pour la peau et les yeux.
Son mode d'action diffère des herbicides systémiques traditionnels.
Le Beloukha agit par contact, détruisant la membrane de l'épiderme des plantes.
Cela entraîne une réaction rapide, visible environ 2 heures après l'application.
Cependant, son efficacité est optimale sur les jeunes pousses et les plantes annuelles.
Pour les végétaux vivaces, il freine leur croissance mais nécessite des applications répétées pour être pleinement efficace.
D'autres herbicides biologiques gagnent du terrain sur le marché.
Des marques reconnues telles que KB et Fertiligène proposent des formules à base d'acide pelargonique, extrait des pélargoniums.
Ces nouveaux venus agissent selon un principe similaire au Beloukha, en érodant la couche cireuse des plantes.
Privées de cette barrière naturelle, les mauvaises herbes se déshydratent et meurent rapidement.
Ces avancées dans le domaine des herbicides organiques offrent des alternatives prometteuses pour une gestion durable des espaces cultivés et jardinés, alignée avec les préoccupations environnementales contemporaines.
Limites des herbicides récents
Ces herbicides organiques, malgré leur efficacité, présentent des limitations d'usage qu'il est essentiel de comprendre pour une application réussie.
Ils agissent sur l'ensemble des végétaux sans distinction, ce qui nécessite une grande prudence lors de leur application pour éviter tout dommage aux cultures souhaitées ou aux plantes ornementales.
Leur efficacité dépend fortement des conditions météorologiques : ils doivent être appliqués par temps sec, avec une température minimale de 15°C et sous un ciel dégagé.
Cette exigence limite les périodes d'application possibles.
Enfin, leur action contre les plantes vivaces bien enracinées est limitée.
Ces dernières ne sont pas totalement éliminées sur le long terme et peuvent nécessiter des traitements répétés pour un contrôle efficace.
Il est donc crucial d'adopter une stratégie réfléchie lors de l'utilisation de ces nouvelles solutions herbicides, en prenant en compte leurs spécificités pour maximiser leur efficacité tout en protégeant l'environnement et la biodiversité des jardins et des cultures.
Alternatives écologiques aux désherbants traditionnels
Les herbes indésirables s'invitent souvent là où elles ne sont pas désirées, que ce soit dans nos jardins, nos potagers ou entre les dallages.
Il n'est plus nécessaire de se tourner vers des désherbants chimiques coûteux et préjudiciables pour l'environnement.
Il est tout à fait possible de préparer soi-même des solutions plus respectueuses de la nature.
La lutte contre les fourmis, qui facilitent le développement des pucerons en se nourrissant de leur miellat, fait également partie des défis du jardinage écologique.
Des astuces existent pour éloigner les taupes ou combattre les pucerons sans nuire à l'écosystème de votre jardin.
Des produits naturels pour un jardinage responsable
Nombreux sont ceux qui prônent l'utilisation de méthodes naturelles telles que le paillage, l'emploi de fumiers organiques comme engrais ou tout simplement l'huile de coude.
Cependant, un malaise persiste tant dans nos jardins que dans notre société face à l'usage détourné de produits tels que le sel, le vinaigre, le bicarbonate de soude ou l'eau de javel.
Leur impact à long terme sur la qualité des sols reste incertain, soulignant l'urgence d'une réflexion approfondie sur nos pratiques.
L'interdiction des traitements chimiques soulève des questions sur l'avenir de nos espaces verts envahis par les mauvaises herbes.
L'engouement pour le bio soulève également des interrogations, notamment sur la véritable nature et la qualité des produits estampillés ainsi.
Les fruits et légumes bio, souvent aussi séduisants que leurs homologues conventionnels, suscitent des doutes sur les méthodes de culture réellement employées.
Solutions faites maison : efficacité et simplicité
Une recette populaire suggère de mélanger 1 litre de vinaigre blanc avec 10 cl de liquide vaisselle et de pulvériser cette solution sur les mauvaises herbes, offrant ainsi une alternative efficace et écologique.
D'autres s'interrogent sur la nécessité même d'utiliser des désherbants, bio ou chimiques, préconisant plutôt des méthodes mécaniques telles que le sarclage, le binage ou encore le brûlage pour contrôler la prolifération des herbes indésirables sur les pavés et les dalles.
Ces approches soulignent l'importance d'adopter des pratiques de jardinage plus respectueuses de l'environnement, en privilégiant des solutions qui préservent la santé des sols et la biodiversité.
Elles invitent également à une réflexion critique sur les labels bio et sur notre capacité à revenir à des méthodes de jardinage plus traditionnelles et naturelles.
Stratégies écologiques de gestion des mauvaises herbes
Il y a tout un éventail de stratégies naturelles pour empêcher les mauvaises herbes de coloniser votre jardin, offrant des alternatives écologiques aux méthodes traditionnelles.
La mise en place de plantes couvre-sol, l'intégration d'engrais verts ou encore le recours au paillage sont autant de solutions à envisager.
Des astuces ingénieuses existent également pour éliminer les mauvaises herbes sans effort et sans nuire à notre planète.
Parmi elles, l'utilisation d'un désherbeur thermique, le versement d'eau de cuisson bouillante directement sur les herbes indésirables ou encore le recouvrement du sol avec des matériaux naturels comme la toile de jute.
Ces méthodes mettent en avant l'importance d'une gestion durable des espaces verts, alignée avec les préoccupations environnementales actuelles.
Elles invitent les jardiniers à repenser leurs pratiques, en privilégiant des options qui protègent la biodiversité et la santé des écosystèmes.
Père de deux enfants et marié, Adrien cultive sa passion pour le jardinage depuis plus de 20 ans, un savoir transmis de génération en génération dans sa famille. Ancien membre de l’Association des Journalistes du Jardin et de l’Horticulture (AJJH), il partage aujourd’hui son expertise et son amour pour les plantes à travers des conseils pratiques et inspirants.