Technique ancestrale de greffe en incrustation expliquée
Marc-Henry Doyon nous dévoile une méthode traditionnelle fascinante pour augmenter le nombre de plantes et obtenir des spécimens uniques : la greffe en incrustation.
Il aborde avec précision le choix du greffon, sa conservation optimale, et les étapes précises pour mener à bien cette greffe.
De plus, il nous guide sur les soins à apporter après l'opération pour garantir le succès de cette technique ancienne.
Grâce à cette présentation, la greffe en incrustation n'aura plus de secrets pour vous !
Pourquoi greffer une plante ?
Dans notre exploration de la greffe en incrustation, nous abordons un terrain fertile : l'exemple d'une culture de robiniers, communément appelés 'Acacias'.
Ces arbres, issus de semis datant de trois ans, affichent naturellement des fleurs blanches.
Cependant, pour cultiver des spécimens aux fleurs roses, la greffe devient une étape incontournable.
Les variétés sélectionnées pour leur beauté ou leurs capacités spécifiques, comme un feuillage doré ou une résistance accrue aux maladies, illustrent l'importance de cette technique.
L'utilisation de semences d'un acacia hybride à fleurs roses ne garantit pas la reproduction fidèle des caractéristiques de la plante mère.
Le greffage, en revanche, assure la création de copies conformes de spécimens choisis pour des traits particuliers, tels que la couleur des fleurs ou le goût des fruits.
Cette méthode offre également la possibilité de développer des plantes dans des conditions initialement défavorables.
En greffant sur un porte-greffe adapté, on peut surmonter des obstacles tels que la nature du sol, la sécheresse, l'humidité ou encore la sensibilité aux maladies.
Ce faisant, la greffe rend la plante plus robuste et adaptable à son environnement.
Pratiqué depuis le XVème siècle, le greffage est un art qui nécessite une expertise approfondie.
À l'époque, on parlait d'"enter" une plante.
Devenir maître greffeur implique de nombreuses années d'apprentissage pour maîtriser les gestes précis et assurer un taux de réussite élevé.
Dans le secteur professionnel, cette compétence est hautement valorisée et recherchée.
Le moment idéal pour la greffe en incrustation
La greffe en incrustation demande un choix minutieux du moment pour être réalisée.
Prenons le cas d'un robinier de trois ans, issu de semis et élevé en tige comme exemple de base.
Le timing de cette opération est déterminant pour son succès.
Au coeur du printemps, quand la sève monte et que les feuilles commencent à pousser, la fenêtre d'opportunité pour greffer s'ouvre.
C'est un véritable défi contre le temps, où l'objectif est de réussir la fusion entre le greffon et le porte-greffe avant que le greffon ne se dessèche.
L'excellence dans l'exécution est de mise.
Le greffeur, tel un artisan, doit assurer un contact optimal entre le greffon et le porte-greffe, tout en prévenant le dessèchement du greffon grâce à l'utilisation de mastic.
Le greffon, lui, a été prélevé durant l'hiver, en période de dormance, puis conservé au frais jusqu'au moment de la greffe.
Il est donc toujours en mode "hiver" tandis que le porte-greffe, lui, est pleinement entré dans le printemps.
Cette différence de cycles est cruciale.
Le greffon, n'étant pas en sève, est moins susceptible de se dessécher, tandis que le porte-greffe, gorgé de sève, est en mesure de nourrir et soutenir le greffon.
Cette synchronisation délicate entre le greffon et le porte-greffe est essentielle pour que la greffe prenne vie et prospère.
Les étapes clés d'une greffe en incrustation
Thierry, notre guide et maître en l'art de la greffe, va nous partager son savoir-faire.
Pour débuter, il sélectionne un greffon vigoureux sur une branche droite et saine.
Le greffoir, bien aiguisé et désinfecté, est primordial pour un prélèvement précis.
Il taille la base du greffon en biseau, juste en dessous d'un bourgeon, assurant ainsi une insertion optimale.
Le porte-greffe est ensuite préparé par une coupe franche et une incision soignée pour accueillir le greffon.
L'orientation est cruciale : l'œil du greffon doit regarder vers l'extérieur.
Les écorces du greffon et du porte-greffe doivent se toucher parfaitement, sans laisser d'interstice.
La réussite de la greffe repose sur une fusion impeccable des écorces.
C'est à ce niveau que le porte-greffe va nourrir le greffon, rendant essentielle la parfaite adhérence des tissus.
L'application d'un mastic de greffage constitue l'étape suivante.
Ce mastic, conservant une certaine flexibilité, va protéger le greffon des intempéries et des variations thermiques.
Son rôle est double : éviter la dessiccation et protéger la jonction contre les infiltrations d'eau, susceptibles d'introduire des agents pathogènes.
Le masticage sert également de barrière contre les agents pathogènes.
Les coupes réalisées sur les végétaux sont des points d'entrée potentiels pour des maladies.
Assurer une protection efficace à ces niveaux est donc indispensable pour la santé et la prise de la greffe.
L'entretien post-greffage
L'un des soins essentiels à apporter après avoir réalisé une greffe est l'élimination des repousses du porte-greffe.
Ceci est crucial pour assurer que toute l'énergie de la plante soutienne le développement du greffon.
Le porte-greffe, partie implantée dans le sol, a une tendance naturelle à produire des pousses vigoureuses.
Ces dernières, si laissées à croître, concurrencent le greffon et peuvent nuire à son épanouissement.
La vigilance est de mise durant toute la saison suivant la greffe.
Il est primordial de contrôler régulièrement la présence de nouvelles pousses sur le porte-greffe.
Pour les petites pousses, un simple passage du doigt suffit pour les détacher du tronc.
Si les pousses ont atteint une longueur conséquente, l'usage d'un sécateur sera nécessaire pour les couper au plus près du tronc.
Cette démarche est indispensable pour garantir une croissance harmonieuse et vigoureuse du greffon.
C'est à vous maintenant de mettre en pratique cette méthode ancestrale et de veiller au bon développement de vos plantes greffées.
Techniques traditionnelles de jardinage
L'olla, une méthode d'irrigation venue des temps anciens, se présente comme une solution à la fois écologique et économique pour l'hydratation des plantes au plus près de leurs besoins, à savoir au niveau des racines.
Cette pratique, héritée des peuples amérindiens, illustre parfaitement l'ingéniosité des méthodes de culture traditionnelles.
La technique des trois soeurs, par exemple, montre comment la cohabitation de différentes plantes sur un même espace peut booster leur croissance mutuelle, grâce à une sélection de cultures qui s'entraident.
Il est intéressant de constater qu'un pommier issu d'une graine peut spontanément pousser dans un jardin.
Cependant, Marc-Henry Doyon nous rappelle qu'il faudra patienter plusieurs années avant de voir cet arbre porter des fruits.
Quant à la greffe à l'anglaise, elle se distingue par sa polyvalence, étant adaptée à une grande variété de végétaux.
Cette méthode se révèle particulièrement efficace pour améliorer les caractéristiques des plantes, en comparaison avec d'autres techniques de greffage.
Ces pratiques ancestrales, loin d'être obsolètes, offrent des avantages indéniables pour le jardinage moderne, alliant respect de l'environnement, économie de ressources et optimisation des rendements.
Père de deux enfants et marié, Adrien cultive sa passion pour le jardinage depuis plus de 20 ans, un savoir transmis de génération en génération dans sa famille. Ancien membre de l’Association des Journalistes du Jardin et de l’Horticulture (AJJH), il partage aujourd’hui son expertise et son amour pour les plantes à travers des conseils pratiques et inspirants.